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ONDIOLINE
INSTRUMENT DE MUSIQUE ELECTRONIQUE

Ondioline

L'histoire des synthétiseurs prend son origine au milieu du XIXè siècle : ainsi depuis 1839, date à laquelle fut inventé l'Interrupteur à Marteau (un appareil de recherches acoustiques), on s'efforce de mettre l'électricité au service de la musique. L'invention des lampes radio, du haut-parleur et les rapides progrès de l'électro-acoustique durant les premières années du XXè siècle ont ainsi permis la création d'une nouvelle lutherie et de nombreux instruments de musique électroniques.

Ces instruments, destinés à doter l'orchestre symphonique d'une nouvelle sonorité et d'élargir ainsi le timbre orchestral, permirent également la création des sensations musicales inconnues.C'est ainsi qu'après la Deuxième Guerre Mondiale, l'Europe découvrit l'utilisation que l'on pouvait faire de sons électroniques dans la musique de danse et les variétés. Le piano, naguère instrument favori de la 'muse légère', fut alors largement supplanté par l'Orgue Hammond dans les bars et les studios de radio.

Des instruments plus modestes et d'un prix avantageux se vendirent en grand nombre. Des noms tels que ceux de Solovox, Ondioline, Clavioline, Tuttivox, Electronium et Pianetta, symbolisèrent alors - tout au moins pour les musiciens de danse - le progrès musical, sont depuis longtemps tombés dans l'oubli.C'était surtout des instruments mélodiques à clavier d'une étendue de deux octaves et demi à quatre octaves, possédant souvent une étonnante variété de timbres. Certes, leurs sonorités grotesques et 'stratosphériques' en constituait l'attrait primordial, mais ces instruments permettaient néanmoins à un habile musicien d'imiter aussi le timbre des instruments traditionnels de l'orchestre.


L'ONDIOLINE de Georges Jenny

A la fin des années 30, un ingénieur et musicien français nommé Georges Jenny, a été l'inventeur de l'Ondioline, un clavier électronique pionnier des synthétiseurs analogiques qui verront le jour quelques dix ans plus tard. Georges Jenny conçu son premier modèle d'Ondioline en 1938 pendant un séjour en sanatorium. Il développa et réalisa son premier instrument en 1942 et, grâce à celui-ci, il obtint peu de temps après la médaille d'or du concours Lépine.

Ondioline

Georges Jenny se lança en 1947 dans la construction artisanale de l'Ondioline et fonda sa première société 'Les Ondes Georges Jenny' (société qui sera connue ensuite sous le nom de 'La Musique Electronique'). Les instruments étaient construits par Georges Jenny lui-même et fournis sous forme de kit : l'Ondioline était un instrument monophonique, consistant en un simple oscillateur à lampe et un petit clavier sensitif de 3 octaves. Avec l'Ondioline il était possible de créer des formes d'ondes complexes via une série de filtres. L'attaque du son était controlée par un mouvement vertical du doigt sur une tige sensible. Un mouvement horizontal du doigt sur cette même tige sensible créait un glissando ou une modulation, et permettait le contrôle du vibrato. Fixée sous le clavier, une genouillère d'expression offrait en outre la possibilité de contrôler le volume général de l'appareil tout en continuant de jouer. Cependant pour abaisser les coûts de production de l'Ondioline, des composants de qualité médiocres furent employés assez souvent, et après quelques années, l'instrument devenait injouable s'il n'était régulièrement contrôlé.

A partir de 1952, Georges Jenny s'engagea dans la fabrication d'un modèle plus élaboré d'Ondioline dans son atelier de Quessigny, un petit village du département de l'Eure. Il s'agissait d'un instrument avec un clavier à 3 octaves, permettant le jeu sur 7 octaves par clé de transposition. Le clavier était expressif au toucher et le vibrato manuel était obtenu par oscillation du clavier. Bien qu'imitant avec une très relative fidélité les instruments à cordes et à vent, l'Ondioline devint cependant un instrument très populaire en Europe et aux Etats-Unis, et elle fut beaucoup utilisée pour le cinéma et le théâtre. L'instrument fut commercialisé en Allemagne sous le nom de 'Pianoline' et aux Pays-Bas sous le nom de 'Orcheline'.

Le compositeur Jean-Jacques Perrey, pionnier aux Etats-Unis d'une musique électronique populaire, fut un fervent utilisateur de l'Ondioline dès la fin des années 40. Pour cet instrument, il conçu un numéro de cabaret intitulé 'Around the World in 80 Ways', d'après la nouvelle de Jules Verne. Grâce à l'Ondioline, Jean-Jacques Perrey imitait des instruments du monde entier : cornemuses écossaises, banjo américain, violon tzigane, sitar indien, etc. Ce voyage musical autour du monde fut donné au Radio City Music Hall de New-York avant de devenir une attraction musicale sur le paquebot France.

L'Ondioline fit également une apparition remarquée durant l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958, lorsque l'on en joua du sommet de l'Atomium. Durant les années 60, une version microtonale de l'instrument fut construite par le compositeur Jean-Etienne Marie. L'Ondioline disposait alors d'un clavier à quatre octaves qui pouvait être accordé en une variété de systèmes microtonaux. Georges Jenny, pour sa part, continuera à fabriquer l'Ondioline jusqu'à sa mort en 1976.

De nombreux compositeurs, parmi lesquels Arthur Honneger, Marcel Landowsky, et Darius Milhaud, ont écrit des oeuvres spécialement pour l'Ondioline. L'instrument fut également représenté dans les musiques populaires et on peut d'ailleurs l'entendre sur 'Runaway' un tube du musicien Del Shannon durant les années 50 ainsi que sur la chanson 'Âme du Poète' de Charles Trenet.

© ALAIN DE FILIPPIS 2000